Est-ce que quelqu’un pense encore que les ransomwares ne s’arrêtent que lorsque les données sont chiffrées et qu’un paiement est exigé ? Il existe plusieurs générations de groupes d’extorsion qui se concentrent exclusivement sur les ransomwares d’entreprise, et tant le succès que les opportunités de marché les poussent à innover dans leurs méthodes. En réalité, nous avons affaire à de multiples tentatives d’extorsion qui couvrent tous les flancs pour assurer le succès des attaquants et ne laisser aucune option à la victime.
La première vague d’extorsion consiste évidemment à s’introduire dans l’entreprise et à chiffrer les informations importantes. Si la rançon n’est pas payée, les données restent chiffrées et l’entreprise ne peut pas poursuivre son activité. Il y a quelques années, une nouveauté a été introduite : non seulement les attaquants chiffrent les informations, mais ils les volent également, et plus le paiement est long, plus ils rendent publiques les informations de l’entreprise.
La troisième vague, qui s’ajoute aux précédentes, consiste à faire pression en exécutant des attaques par déni de service sur les pages publiques de l’entreprise attaquée. Ils les font disparaître d’internet. La quatrième qui a été observée est le harcèlement. Les attaquants, parfaitement organisés, contactent les fournisseurs, les partenaires, les clients et même les médias pour les avertir de l’attaque et ruiner la réputation de la victime.
Mais il y en a aussi une cinquième. Depuis quelque temps, LockBit invite les victimes à fournir des données tierces pour les aider à pénétrer dans leur réseau (identifiants VPN, RDP, etc.). Cela pourrait être utilisé pour « diminuer » le paiement de la rançon. Condamner un tiers pour alléger sa propre peine. Pervers mais apparemment efficace.
Ils offrent donc, par le biais de la note de rançon du Ransomware, la possibilité de gagner de l’argent si vous leur fournissez des données d’accès à des sociétés tierces. Il s’agit de la note de rançon typique dans laquelle on peut lire un message comme ci-dessous :
Mettant en évidence du texte suivant :
“Would you like to earn millions of dollars?
Our company acquire access to networks of various companies, as well as insider information that can help you steal the most valuable data of any company.
You can provide us accounting data for the access to any company, for example, login and password to RDP, VPN, corporate email, etc. »
Si l’on y regarde de plus près, il s’agit d’une véritable perversion, étant donné qu’en plus du problème posé à l’entreprise touchée, qui doit faire face à la double extorsion du chiffrement et de l’exfiltration des données, l’attaquant tente de persuader l’entreprise attaquée ou même ses employés de fournir des données provenant d’entreprises tierces, de clients ou de fournisseurs de l’entreprise touchée. En d’autres termes, ils essaient de simplifier la manière dont ils entrent dans nombre de ces entreprises. Il existe déjà un marché sur lequel les attaquants peuvent acheter des informations d’identification à d’autres groupes criminels spécialisés dans la fourniture d’un accès initial aux entreprises, appelés Access Brokers. Mais ce modèle permettra à toute personne travaillant dans une entreprise et disposant d’identifiants d’accès à ses systèmes, ou à des systèmes tiers, de devenir Access Broker et de voir ainsi un moyen facile et discret d’obtenir un revenu supplémentaire.
En fait, le message pourrait aussi être lu comme une invitation à échanger l’extorsion contre des informations précieuses permettant à l’attaquant d’effectuer une transaction sur un compte plus important. Par exemple, si je suis le fournisseur d’une grande entreprise et que je suis compromis, j’échange la rançon en fournissant des informations d’identification qui permettent d’accéder à l’entreprise, ou en fournissant une porte dérobée qui permet à l’attaquant d’accéder à l’entreprise.
Ainsi, désormais, dans l’analyse des risques du modèle de ransomware, une nouvelle variable, auparavant mineure, prend une ampleur considérable : le risque qu’un potentiel insider fournisse aux attaquants le jeu de clés du château et leur facilite grandement la tâche pour mener à bien l’opération de compromission de l’infrastructure, ou le risque qu’un collaborateur extorqué donne accès aux systèmes.
Il est plus que probable que le modèle économique des ransomwares continuera d’évoluer et que nous verrons apparaître de nouvelles techniques et stratégies. Il faut donc continuer la sensibilisation au problème majeur que posent ces attaques, en renforçant la sécurité des entreprises et en collaborant avec les différents acteurs du secteur pour tenter de combattre ce fléau.
Plus d’information:
https://www.coveware.com/blog/2022/2/2/law-enforcement-pressure-forces-ransomware-groups-to-refine-tactics-in-q4-2021
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